État des lieux du sexisme en France à l’heure de la polarisation

EDITO

La polarisation sociale, phénomène où les opinions, idéologies et représentations au sein d’une société tendent à se cristalliser en camps opposés, a marqué de son empreinte l’année 2024, en France comme dans de nombreux pays du monde.
Les enjeux d’égalité, les débats sur le genre et l’égalité, les droits des minorités, ont occupé une place centrale dans cette polarisation des opinions. Cela a pu s’exprimer de différentes manières. Dans les médias, les discours sexistes et masculinistes ont gagné en visibilité, souvent considérés comme de simples « opinions ». Le fossé entre les choix politiques des femmes et des hommes – le « gender gap » – s’est élargi de manière inédite. Les sujets relatifs à l’égalité femmes-hommes ont été l’objet d’instrumentalisation politique et de désinformation croissante. Parallèlement, des espaces virtuels en non-mixité choisie ont émergé pour répondre à ces tensions,
tandis que des événements tels que le « procès des viols de Mazan » ont exacerbé les divergences. Ce dernier a divisé le débat public entre, d’une part, une prise de conscience accrue du sexisme systémique, et, d’autre part, un rejet de l’introspection masculine et de la remise en question des normes établies.

Or ces dynamiques polarisantes dans le débat d’idées occultent les inégalités entre les femmes et les hommes, l’atteinte aux droits fondamentaux des femmes, les violences sexistes et sexuelles, qui continuent de prospérer dans les faits. En faisant du sexisme une opinion parmi d’autres, une place plus grande est accordée aux
injonctions genrées, aux assignations à la sphère domestique et au rôle maternel des femmes, à la stigmatisation de leurs corps et de leurs choix de vie. À l’inverse, les pratiques et les pensées féministes semblent être de plus en plus discréditées. Dans un contexte de montée de l’extrême droite, d’instabilité politique et d’influence croissante des mouvements anti-droits et anti-choix, ces évolutions questionnent : la lutte pour l’égalité est-elle en train de s’essouffler ? Le sexisme se trouve-t-il renforcé et reconfiguré ? Comment les pouvoirs publics réagissent-ils face à ces défis ?

Pour y répondre, le Haut Conseil à l’Égalité (HCE) a la mission d’élaborer et de remettre un rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme au Premier ministre et à la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, depuis la loi relative à l’égalité et la citoyenneté du 27 janvier 2017. Dans cette perspective, Toluna Harris Interactive a réalisé une nouvelle édition du « Baromètre sexisme ». Lancé en 2022 pour compléter
l’état des lieux du sexisme, ce baromètre permet de rendre compte des perceptions de l’opinion face aux inégalités de genre, de restituer le vécu et la perception des Français·es face aux violences sexistes et sexuelles, d’explorer leur degré d’adhésion aux normes et aux injonctions de genre, de traduire leur rapport aux mesures de lutte contre le sexisme et aux pouvoirs publics.

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